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Le cercle vicieux
30 janvier 2016

Sur la route

De l’est de la Grèce à l’extrême nord de la France, des milliers de migrants, fuyant la Syrie, l'Irak ou encore l'Afghanistan, empruntent la route des Balkans. Karim Hakiki, reporter de France 24, livre ses impressions dans son carnet de route. Ils arrivent par milliers. Après avoir bravé les dangers d’une traversée de la Méditerranée, ils débarquent sur les côtes européennes, notamment grecques, avec le ferme espoir d'une vie meilleure, loin des violences. Quels sont leurs désirs et leurs regrets ? Comment vivent-ils, seuls ou en famille, l’exil et la précarité ? Qui sont ceux que l’Europe nomme communément "les migrants" ? De Thessalonique, en Grèce, jusqu’à Calais, dernière étape avant le Royaume-Uni, une équipe de France 24 suit la route empruntée par des dizaines de milliers de personnes, jetées sur les routes par la guerre et les persécutions. Au-delà de cette actualité, France 24 vous propose quotidiennement de découvrir le regard que porte notre reporter Karim Hakiki sur ce périple. Ce matin, l’Europe s’est réveillée avec l’image effroyable du petit corps sans vie d’Aylan, cet enfant Syrien de 3 ans, échoué sur une plage turque. Le souffle coupé, les pays européens semblent sous le choc de la photo, comme hébétés. Sur le chemin des migrants en revanche, la course effrénée à travers l’Europe continue, le jeu de cache-cache avec les autorités se poursuit. Non pas qu’ils ne s’en émeuvent pas, de ce petit garçon noyé. Mais "les migrants sont coupés du monde médiatique, explique Karim Hakiki, l’envoyé spécial de France 24 sur la route des Balkans. Et je dirais qu’ils sont assez anesthésiés sur cet aspect-là de l’immigration". La Hongrie a érigé une clôture de barbelés tout le long de sa frontière avec la Serbie. © Karim Hakiki (Facebook) Ce jeudi matin, notre équipe de reporters - Karim Hakiki, Adel Gastel et Fernande van Tets - se trouve sur la route entre Belgrade et Budapest. Ils avaient initialement prévu de s’arrêter à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, là où le gouvernement Orban a fait ériger un mur pour empêcher les migrants de passer. Finalement, ils se rendent directement dans la capitale hongroise, à la gare de Budapest où des milliers de migrants se sont entassés ces derniers jours. "L’actu est là-bas, explique Karim. Budapest, c’est une étape très compliquée pour eux, et pour nous aussi." "Poussez-vous, on passe" Et pour cause : des milliers de clandestins sont bloqués dans la gare, la tension monte. Le bâtiment, interdit d’accès aux clandestins depuis plusieurs jours, a rouvert ce matin, mais la circulation des lignes internationales reste coupée. "Il y a un énorme goulot d’étranglement à Budapest, poursuit Karim Hakiki. Les migrants, ceux qu’on suit, nous ont appelés pour nous demander des infos, pour savoir comment ils peuvent passer, comment il faut faire. Beaucoup de rumeurs circulent. Nous, on leur répond qu’on est comme eux, qu’on ne sait grand chose... On se retrouve complètement pris dans l’histoire, on fait partie de leur voyage. […] On est super inquiets pour eux, pour l’étape de Budapest." La gare de Budapest, où se retrouvent des milliers de migrants en attendant de prendre un train pour la Belgique, l'Allemagne ou l'Autriche. © Karim Hakiki (Facebook) En Hongrie, s’ils veulent monter dans un train, les migrants doivent laisser leurs empreintes. Ce qu’ils cherchent à tout prix à éviter. "Ils ont inventé plein de petites parades : se mettre de la colle ou de l’encre sur les doigts pour ne pas que les empreintes soient bien prises", raconte Karim Hakiki. Dans ce pays, les clandestins doivent aussi se préparer à une certaine hostilité de la population. "En Grèce, les locaux étaient beaucoup plus enclins à les aider. Là, ils entrent dans une partie de l’Europe plus difficile à ce sujet", explique le journaliste. "Parfois, c’est aussi l’attitude de certains migrants qui crée des tensions : les jeunes ont un côté très dur, ils peuvent débarquer dans les commerces en groupe en ne respectant pas trop les usages, les traditions. Souvent par méconnaissance. Mais ils peuvent aussi avoir une attitude qui pourrait s’exprimer par ces mots : 'Poussez-vous, on passe'".

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