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Le cercle vicieux
9 janvier 2018

Archipel intérieur

A l'occasion d'un voyage au Brésil (pour affaires) la semaine dernière, je me suis offert une petite activité originale : un vol en hélicoptère au-dessus de l'Amazonie, qui aura pleinement fait mon amour de la géologie. Lors de ce vol, en effet, j'ai découvert un site d'une incroyable beauté : l'archipel d'Anavilhanas. Un archipel en pleine terre ? Eh oui. Ce dernier est en effet le plus grand archipel intérieur du monde. Situé à environ 80 kilomètres à l’ouest (en amont) de Manaus au centre de l’Amazonie brésilienne, il compte 350 îles. Les niveaux d’eau varient d’au moins 15 mètres dessinant des entrelacs toujours nouveaux de canaux, de digues et de bancs de sable où seuls les guides et les pêcheurs expérimentés peuvent avancer sans s’embourber. Certaines îles sont vastes, couronnées de forêts et suffisamment grandes et stables pour que des hôtels luxueux se soient installés, tandis que d’autres ne sont que des bancs de sable qui disparaissent à l’époque des crues. Les îles ont pris leurs formes définitives pendant le dernier âge glaciaire quand les eaux se sont répandues dans tout le bassin de l’Amazone et que, du fait de changements hydrologiques, plusieurs affluents secondaires du Rio Negro ont déposé leurs excès de sédiments. Plusieurs énormes anciens rochers se sont alors dressés hors d’une eau désormais peu profonde et le Rio Negro, moins abondant, n’avait plus un courant assez fort pour évacuer les dépôts qui formèrent peu à peu les îles. Les îles devinrent tellement importantes que, lorsque le niveau du fleuve s’éleva à nouveau, à la fin du pléistocène, elles continuèrent à freiner la descente des eaux permettant aux sédiments de se fixer. Ce phénomène consolida les îles ; un milieu naturel permanent se forma, milieu qui retenant presque tous les sédiments du Rio Negro, put se régénérer continuellement malgré l’érosion causée par les eaux. Ce processus se poursuit toujours, essentiellement nourri par le Rio Branco, riche en alluvions mais aussi par le Rio Negro qui, bien que pauvre en dépôts, est un si grand fleuve qu’il charrie suffisamment de matières pour alimenter l’ensemble toujours changeant des îles. Une grande partie de l’archipel appartient à la Station Écologique d’Anavilhanas Archipelago. Cette région est très importante pour plusieurs espèces de tortues d’eau douce qui font leurs nids sur de petits îlots quand l’eau est basse (de juillet à septembre) et pour plusieurs espèces d’oiseaux qui ne vivent que dans les forêts inondées d’Anavilhanas. On peut aussi y apercevoir l’insaisissable dauphin rose de l’Amazone et le pirarucu (arapaima). Ce vol en hélicoptère a été une expérience assez extraordinaire à vivre, au point que j'hésite à la réitérer depuis mon retour. Cela n'aura sans doute pas l'exotisme de cet archipel, mais j'imagine que redécouvrir sa région depuis les airs est une expérience fascinante. Retrouvez toutes les infos sur cette activité de baptême en hélicoptère en suivant le lien.

 

helicoptere10

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